Click "Enter" to submit the form.

Le laboratoire Picto et le Festival Photo La Gacilly

Le Festival Photo La Gacilly compte parmi les plus grandes manifestations à ciel ouvert dédiées à la photographie. Engagée sur les enjeux environnementaux et sociétaux, cette 21ème édition propose une programmation riche autour de sa nouvelle thématique “L’Autralie et Autre regards”. Le laboratoire PICTO est heureux d’avoir accompagné plusieurs expositions dans la réalisation des tirages à découvrir dans les rues de la petite commune du Morbihan.

© Bernard Plossu / Galerie Camera Obscura
Exposition de Bernard Plossu (In Situ)

Couleurs Fresson
Bernard Plossu


Type de fabrication : Impressions directes sur bâche en grand format.
Le laboratoire Picto aide les photographes professionnels pour la réalisation de leurs expositions, des tirages à l’accrochage, en passant par les finitions et l’encadrement.


On ne présente plus Bernard Plossu, voyageur-migrateur comme il se nomme lui-même, lui qui arpente le monde depuis des années, saisissant à travers son objectif des instants furtifs dans le Chiapas mexicain, l’Ouest américain, le désert du Niger, les villages du Maroc ou les côtes bretonnes. Il est devenu célèbre pour ses noir et blanc irisés de gris. Trop souvent comparé à Robert Frank ou à Édouard Boubat, qu’il admire pourtant, son style est singulier, d’une immense sensibilité. Son regard est aussi vif que sa mémoire.

Quand on arrive chez lui à La Ciotat, il rit de cette sédentarité qui l’attache à cette bâtisse, lui qui a toujours cherché dans les voyages le propre sens de sa vie. Avec son allure de jeune homme, son sourire tendre, il nous fait visiter sa maison des souvenirs, où, du sol au plafond, sont empilés pêle-mêle des boîtes de négatifs, des tirages de tous acabits, des ouvrages anciens, des dessins donnés par ses amis peintres, des objets dénichés au cours de soixante années de déambulations. « C’est un désordre organisé » précise-t-il, « je suis le seul à pouvoir retrouver mes petits ». Il voulait nous montrer une photographie prise au Mexique en 1965. « C’est un tableau ! », nous sommes-nous exclamés. Un compliment malheureux. C’est exactement ce qu’il ne faut pas lui dire, même s’il avoue ses affinités avec Corot pour ses lumières, Courbet pour ses paysages, Malevitch pour ses formes géométriques, Hopper pour ses formes abstraites.

Dès ses premiers clichés, Bernard Plossu a inventé une grammaire visuelle où se côtoient la subjectivité, la simplicité, le sensoriel et une rigueur de composition. Et ce sont ses photographies en couleur, moins reconnues, que nous avons souhaité mettre en lumière, avec ces tirages Fresson précisément. La texture particulière et le rendu très subtil de ce procédé pigmentaire, inventé au XIXe siècle par la famille du même nom basée à Savigny-sur-Orge, répondent à merveille à la focale sans esbroufe du photographe, soucieux de mettre à distance le spectaculaire et le grandiloquent. Se dévoilent alors des images de poésie, de celle qui fait entendre le frémissement du monde et de ses formes. Avec ce rendu poudré, légèrement charbonneux, qui confère aux paysages un aspect irréel.

> Rue Saint-Vincent


AUSTRALIA. New South Wales. Mount Panarama. Bathhurst. Holding on for his life as the guys inside the car hold onto their beers, a man tests his strength as the car speeds around the muddy makeshift mountain track at around 80 kilometres per hour. 1999. © Trent Parke | Magnum Photos
Exposition de Trent Park (In Situ)

Une Australie sans fard
Trent Parke


Type de fabrication : Impressions directes sur dibond (encres UV).
Le laboratoire Picto aide les photographes professionnels pour la réalisation de leurs expositions, des tirages à l’accrochage, en passant par les finitions et l’encadrement.


« Pour moi, tout est question de connexion émotionnelle. J’aime ce pays, j’aime les gens qui y vivent et tout ce qui s’y rapporte… Je ne m’intéresse vraiment à aucun autre pays… » Voici la déclaration d’amour de Trent Parke à son pays natal, l’Australie. Il naît à Newcastle, une agglomération de la Nouvelle-Galles du Sud, et non celle d’Angleterre. Il commence la photographie dès l’âge de 12 ans lorsqu’il utilise le Pentax Spotmatic de sa mère et transforme la buanderie familiale en chambre noire de fortune. Une passion qu’il a gardé chevillée au corps le reste de sa vie. Après avoir commencé sa carrière comme photojournaliste pour la presse, il exploite ses racines australiennes pour créer des documentaires, mais aussi des travaux plus intimes entre fiction et réalité, qui explorent les thèmes de l’identité, du territoire et de la vie familiale.

Premier photographe de ce pays à être admis au sein de la prestigieuse agence Magnum, en 2007, Trent Parke est connu pour brosser un portrait brut et sans idéalisme de sa terre d’origine qu’il documente tous azimuts, depuis l’Outback rural jusqu’aux plus grandes villes côtières. Pour son livre Minutes to Midnight, il parcourt 90 000 kilomètres à travers l’Australie avec sa partenaire Narelle Autio (également exposée lors de cette édition à La Gacilly). Le résultat est une œuvre montrant une nation en mutation, mal à l’aise avec son identité et sa place dans le monde, mais aussi une œuvre de fiction qui suggère la construction et la renaissance d’un monde apocalyptique.

Dans une autre de ses séries, sélectionnée pour cette exposition, Welcome to Nowhere, l’auteur a rassemblé des aperçus ironiques et souvent humoristiques de villes poussiéreuses de l’arrière-pays, dans lesquelles l’impact de l’habitation humaine sur le paysage produit des situations absurdes et parfois surréalistes.

> Grand Chêne


© Alice Pallot
Exposition d’Alice Pallot (In Situ)

Les damnations de la nature
Alice Pallot


Type de fabrication : Impressions directes sur dibond (encres UV).
Le laboratoire Picto aide les photographes professionnels pour la réalisation de leurs expositions, des tirages à l’accrochage, en passant par les finitions et l’encadrement.


C’est un talent brut, une artiste sensible, soucieuse d’une vérité clinique qui est cette année récompensée par le Prix Leica des Nouvelles Écritures de la photographie environnementale, initié par le Festival Photo La Gacilly. Depuis ses débuts, au terme de ses études à l’École nationale supérieure des arts visuels de La Cambre à Bruxelles, Alice Pallot n’a de cesse d’interroger la relation ambigüe entre l’être humain et son environnement en constante mutation, soulevant des questions intrinsèquement liées à notre époque. Visuellement, dans ses expérimentations, elle tend à révéler des réalités cachées en ouvrant les portes de son imaginaire.

« À travers [mes images], je m’intéresse à l’influence de l’Homme et de la science sur la nature et aux liens qu’ils développent entre eux, explique-t-elle. À partir de cela, je crée des univers fictionnels, souvent par le biais de la narration. Je redonne vie à une nature qui s’éteint. Pendant mes voyages, je joue avec les éléments naturels qui m’entourent. Ma démarche s’apparente à celle d’un chercheur ; je me documente, explore, recherche puis je vais sur le terrain pour développer mon projet. À travers une esthétique froide et fantasmagorique, j’entraîne le spectateur dans un univers parallèle inspiré de la réalité. »

Le résultat de cette réflexion apparaît avec force dans sa dernière série Algues Maudites qui dénonce et sensibilise au problème de la prolifération des algues vertes sur les côtes bretonnes : apportées par la présence de nitrates et de phosphates, elles envahissent le littoral et, lorsqu’elles se décomposent, deviennent toxiques.
Une concentration extrême de ce fléau provoque, dès lors, un appauvrissement en oxygène, un déséquilibre des écosystèmes et une perte de biodiversité. De même, avec Oasis, elle dévoile le non-sens d’un marché floral qui célèbre la beauté mais génère en revanche une pollution que l’on ne soupçonne pas.

Captant l’invisible, dans une esthétique souvent futuriste, travaillant sur des couleurs étranges comme autant de filtres sur notre nature maltraitée, Alice Pallot rappelle dans ses œuvres la fragilité et l’imprévisibilité de ce monde que nous mettons à l’épreuve.

> Labyrinthe végétal


Australie, Sydney, Freshwater Beach, 2001
Les vents chauds venant de l’ouest soufflent sur le sommet des vagues et arrose les nageurs.
© Narelle Autio / Agence VU
Exposition de Narelle Autio (In Situ)

L’Appel des Océans
Narelle Autio


Type de fabrication : Impressions directes sur dibond (encres UV) et impressions directes sur bâche.
Le laboratoire Picto aide les photographes professionnels pour la réalisation de leurs expositions, des tirages à l’accrochage, en passant par les finitions et l’encadrement.


L’Australie est entourée par trois des cinq océans de notre planète : l’Indien, l’Austral et le Pacifique. Et rares sont les photographes à avoir documenté avec autant de subtilité les interactions entre les Hommes et ces océans comme l’a fait Narelle Autio.

Elle a passé plus de 20 ans à immortaliser ces instants aquatiques à côté de ses reportages pour les différents journaux et magazines où elle a pu travailler. Récompensée par un premier prix au World Press Photo et par le prix Leica Oskar Barnack en 2002 pour sa série Coastal Dwellers, elle s’est notamment distinguée dans l’art de capturer l’essence des corps en interaction avec l’eau, créant ainsi des images où les individus semblent à la fois portés et déformés par ce milieu sous-marin, entourés de bulles d’air comme dans une certaine abstraction surréaliste.

Narelle Autio veut mettre en lumière ce sentiment de fascination mêlé de crainte lorsqu’il s’agit de se baigner – dans l’océan, ou même dans une piscine. Elle illustre notre attirance naturelle pour l’eau, toujours contrebalancée par la profonde vulnérabilité de l’être humain dans cet élément. À ce titre, les water holes, ces énigmatiques oasis entourées de déserts, représentent pour elle une sublime contradiction : un lieu où toutes les oppositions se côtoient, où le mystère et la promesse d’un monde nouveau se rencontrent sous la surface. Dans ces eaux sombres, tout se mélange : la lumière et l’obscurité, la vie et la mort, les questions et l’absence de réponse.

Également présentées dans cette exposition, des œuvres réalisées par l’artiste au fil de ses voyages à travers l’Australie : le long de routes poussiéreuses menant vers nulle part mais qui, toujours, finissent par rejoindre l’un des trois océans bordant cette île-continent.

> Grand Chêne


Exposition de Sophie Zénon (In Situ)
Exposition de Sophie Zénon (In Situ)

La mémoire des pierres
Sophie Zénon


Type de fabrication : Réalisation des scans pour les impressions de tirages.
Le laboratoire Picto aide les photographes professionnels pour la réalisation de leurs expositions, des tirages à l’accrochage, en passant par les finitions et l’encadrement.


Quittez un moment les grands sites touristiques, certes non dénués de charme, dont regorge le Morbihan, et prenez les chemins de traverse, enfoncez-vous dans la lande bretonne, longez les sentiers côtiers, perdez-vous dans des hameaux reculés. Vous découvrirez des trésors méconnus, bâtis, sculptés, façonnés dans des temps parfois immémoriaux, qui témoignent de la diversité des activités exercées autrefois, mais aussi les ferments d’une culture que nous ont légués les anciens. Ici, une chapelle aux tympans dentelés ; plus bas, un lavoir dessiné en creux ; là, un manoir en ruines ou un calvaire imposant en granit ; plus loin, un site mégalithique aux alignements sans fin qui avait tant ébloui Stendhal : « Cette antique procession de pierres profite de l’émotion que donne le voisinage d’une mer sombre… »

L’espace d’un hiver, de Locuan à Locmaria, de l’île d’Arz à Guehenno, la plasticienne Sophie Zénon a sillonné notre territoire du Morbihan, accompagnée de Diego Mens, conservateur du patrimoine au Conseil départemental initiateur de cette nouvelle commande photographique. Ce qui l’a marquée ? « Cette imbrication du granit au paysage, et au végétal en particulier. Il s’en dégage une atmosphère tantôt sereine, tantôt mélancolique, propice à une forme d’introspection et de méditation. »

D’où un dispositif radical de prises de vues, souhaité par cette artiste qui, sans relâche, cherche à expérimenter le médium photographique pour donner naissance à des œuvres organiques, vibrantes et poétiques. Sophie Zénon a pris ici le parti de la frontalité et des plans d’ensemble. Elle a eu recours à une technique ancienne, celle de l’orotone, un tirage photographique sur plaque de verre à la gélatine d’argent sur laquelle elle a appliqué au pinceau une dorure à l’or. Et le spectateur de découvrir un objet précieux, délicat, fragile, intemporel, aux tonalités noir et feu, comme en écho à ces monuments sacrés, chers au cœur de leurs habitants.

Dans le labyrinthe végétal de La Gacilly, les photographies, imprimées en grand format sur aluminium brossé, scintillent, se parent de jeux d’ombres et de lumières, et d’un surprenant effet de profondeur.

> Labyrinthe végétal


• Date : Du 21 juin au 3 novembre 2024
• Lieu : Festival Photo La Gacilly
Morbihan / Bretagne
https://www.festivalphoto-lagacilly.com/