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Le laboratoire Picto et les Rencontres d’Arles

Le 1er juillet, le festival des Rencontres d’Arles inaugure sa 55ème édition qui ouvre de nouvelles perspectives avec sa thématique “Sous la surface“. Au programme, c’est une trentaine d’expositions qui est présentée au public et tout autant d’événements satellites. Comme chaque année, le laboratoire PICTO accompagne la manifestation dans la réalisation de ses expositions et pour cette nouvelle édition, découvrez un petit tour d’horizon des productions des expositions consacrées à Jean-Claude Gautrand, Hans Silvester, Debi Cornwall ou encore Cristina de Middel qui signe l’affiche des Rencontres 2024.

Debi Cornwall, Lever de drapeau. Rallye « Save America ». Miami, Floride, série Citoyens modèles, 2022. Debi Cornwall, avec l’aimable autorisation de l’artiste

Citoyens modèles
Debi Cornwall


Type de fabrication : Tirages jet d’encre et impressions directes sur papier peint.
Le laboratoire Picto aide les photographes professionnels pour la réalisation de leurs expositions, des tirages à l’accrochage, en passant par les finitions et l’encadrement.


Depuis dix ans, Debi Cornwall explore les fictions qui façonnent le regard de l’Amérique sur elle-même. Frappantes, ses photographies documentaires à la composition précise visent davantage à faire réagir qu’à informer. Elles invitent à examiner de plus près l’incarnation, l’exercice et la normalisation du pouvoir de l’État.

Cette exposition comprend deux séries de travaux constituant les pendants d’une même interrogation: quels récits et stratégies le pouvoir imagine-t-il face à des réalités perturbantes ? Fictions nécessaires [Necessary Fictions] aborde cette question à travers le prisme des jeux de guerre immersifs. Dans dix bases de l’armée américaine, Debi Cornwall immortalise les décors du pays imaginaire «Atropia » ainsi que sa population, incarnée par des militaires testant des scénarios d’entraînement réalistes. Des femmes et des hommes civils afghans et irakiens ayant fui la guerre participent à des reconstitutions au service de l’armée américaine. De véritables soldats qui se préparent à partir sur le terrain pratiquent ainsi leurs futures postures de combattants ou de victimes de guerre.

Dans quelle mesure la mise en scène et le jeu de rôle façonnent-ils les conceptions de la citoyenneté dans un pays violent, où la notion même de vérité a perdu son sens ? Citoyens modèles [Model Citizens] étudie ce phénomène à travers les États-Unis, avec des images réalisées dans trois contextes : les scénarios réalistes immersifs des camps d’entraînement de la patrouille frontalière, les rassemblements conservateurs de Donald Trump, et les musées d’histoire qui présentent la population américaine comme vainqueur héroïque ou victime innocente. Cet ensemble d’images dissonant met en lumière les systèmes qui acceptent, justifient ou dissimulent la violence inhérente à une culture militarisée.

Nathalie Herschdorfer et Lydia Dorner

• Date : Du 1er juillet au 29 septembre 2024
• Lieu : Espace Monoprix
Boulevard Emile Combes, Pl. Lamartine
13200 Arles
https://www.rencontres-arles.com/


Cristina De Middel. Une pierre sur le chemin [Una Piedra en el Camino], série Voyage au centre, 2021. Courtesy de l’artiste / Magnum Photos

Voyage au Centre
Cristina de Middel


Type de fabrication : Impressions directes sur papier peint.
Le laboratoire Picto aide les photographes professionnels pour la réalisation de leurs expositions, des tirages à l’accrochage, en passant par les finitions et l’encadrement.


Voyage au centre est une série inspirée de l’atmosphère et de la structure du livre Voyage au centre de la Terre de Jules Verne. Elle présente la traversée migratoire du Mexique comme une expédition héroïque et courageuse, plutôt que comme une fuite.

Dans cette version, le périple commence à Tapachula, à la frontière sud du Mexique avec le Guatemala, et se termine à Felicity, une petite ville de Californie officiellement désignée comme «Centre du monde ». L’absurdité de ce lieu, depuis lequel on aperçoit la barrière frontalière entre les deux pays, ajoute une strate de déception dystopique et incarne à la perfection la vision contemporaine d’une farce épique, où la destination finale n’est autre qu’une attraction touristique en bord de route.

À travers un langage qui articule photographie documentaire conventionnelle et images factices, le récit propose plusieurs lectures ayant pour fonction de compléter l’approche simpliste suggérée par les médias et les instances officielles face au phénomène complexe de la migration.

Cristina de Middel

• Date : Du 1er juillet au 25 août 2024
• Lieu : Eglise des Frères Prêcheurs
Impasse Abbé Grégoire
13200 Arles
https://www.rencontres-arles.com/


Jean-Claude Gautrand. L’Assassinat de Baltard, 1971

Libres expressions
Jean-Claude Gautrand


Type de fabrication : Tirages traditionnels à l’agrandisseur noir et blanc par Thomas Consani et tirages d’après fichiers par Fred Jourda.
Le laboratoire Picto aide les photographes professionnels pour la réalisation de leurs expositions, des tirages à l’accrochage, en passant par les finitions et l’encadrement.


Grand photographe français, Jean-Claude Gautrand fut également commissaire d’exposition, journaliste et historien de la photographie. Son histoire avec le musée Réattu remonte à 1970, année de fondation des Rencontres d’Arles où il expose dès 1971. Pendant près de cinquante ans, il fut un infatigable témoin du festival, accumulant des archives exceptionnelles offertes par son épouse Josette Gautrand au centre de recherche et documentation du musée Réattu en 2022.

L’exposition proposée est donc à double entrée : Jean-Claude Gautrand, photographe – avec plus de 350 photographies de 1961 à 2010 appartenant aux collections du musée, des Rencontres d’Arles et surtout à la collection personnelle de Josette Gautrand – et Jean-Claude Gautrand, observateur privilégié de l’histoire de la photographie à Arles.

Ses séries, au graphisme épuré comme Métalopolis ou puissant comme L’Assassinat de Baltard, conceptuelles comme Le Galet, ou intimistes et picturales comme Le Jardin de mon père, témoignent des qualités et du parcours du photographe.

C’est donc à la fois une exposition artistique et historique qui sera présentée au musée Réattu, un hommage sincère et exceptionnel de la Ville d’Arles et des Rencontres.

• Date : Du 30 juin au 6 octobre 2024
• Lieu : Musée Réattu
10 Rue du Grand Prieuré
13200 Arles
https://www.rencontres-arles.com/


Hans Silvester. Lourmarin, vers 1976

Viser juste : pétanque et jeu provençal dans l’objectif
Hans Silvester


Type de fabrication : Tirages traditionnels à l’agrandisseur noir et blanc par Thomas Consani et tirages d’après fichiers par Fred Jourda.
Le laboratoire Picto aide les photographes professionnels pour la réalisation de leurs expositions, des tirages à l’accrochage, en passant par les finitions et l’encadrement.


Ancien grand reporter de l’agence Rapho, Hans Silvester est un infatigable voyageur. Ses images dressent un état de la planète et de l’humanité, témoignages subtils de la délicatesse d’un objet, la grâce d’un geste ou l’effroyable beauté d’une catastrophe.

L’exposition Viser juste : pétanque et jeu provençal dans l’objectif de Hans Silvester présente un travail de jeunesse sur les jeux de boules en Provence dans les années 1970. On décèle déjà, dans cette enquête provençale, sa méthode reposant sur le lien patiemment créé avec son sujet. Dans des décors mis en valeur par un noir et blanc parfaitement maitrisé, Hans Silvester révèle la performance des joueurs, capture l’omniprésente dramaturgie provençale. Sans oublier le public, la « galerie », qui fait corps autour des joueurs.

Il nous convie à observer avec lui ces hommes, femmes et enfants, concentrés sur l’instant, sérieux dans le jeu, un fragment de la Provence telle qu’il la vit, l’imagine et la décrit depuis plus de soixante ans.

• Date : Du 1er juillet au 29 septembre 2024
• Lieu : Le Museon Arlaten
29 Rue de la République
13200 Arles
https://www.rencontres-arles.com/


Randa Mirza. Sans titre #4, série Parallel Universes, 2006. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Tanit Gallery, Munich

Randa Mirza, Beirutopia
Lauréate du Photo Folio Review 2023


Type de fabrication : Tirages jet d’encre pigmentaire.
Le laboratoire Picto aide les photographes professionnels pour la réalisation de leurs expositions, des tirages à l’accrochage, en passant par les finitions et l’encadrement.


Je me rappelle d’un jour pendant la guerre où ma mère m’a crié de courir sous les bombes et de ne pas regarder en arrière. J’ai grandi avec la conviction que la catastrophe avait déjà eu lieu jusqu’au jour où je me suis retrouvée, trente ans plus tard, propulsée par une terrible explosion dans les rues de ma ville détruite.

BEIRUTOPIA est un essai visuel à portée biographique prémonitoire de la crise multidimensionnelle – politique, financière et sociale que traverse le Liban. Cette exposition monographique porte un regard critique sur la transformation brutale de la ville de Beyrouth d’après-guerre à travers sept travaux réalisés entre les années 2000 et 2022.

Dans un jeu macabre d’inversement de rôle, le point de vue d’un franc-tireur se mêle à celui du photographe dans la vidéo The Sniper (2000). Les chambres abandonnées de la série Abandoned Rooms (2005) deviennent celles de ma propre mémoire, réelle ou imaginée. Les collages invraisemblables de Parallel Universes (2006) questionnent la réalité des images et le spectacle de la violence. Dans Beirutopia (2010-2019), utopie et réalité se confondent dans une même image. Cette série, qui donne son nom à l’exposition, dénonce la politique de reconstruction d’après-guerre et l’effacement de l’identité urbaine. Dans We promise, We deliver (2021), la ville fantôme est photographiée durant la pandémie du Covid-19 accentuant le sentiment de perte de repères spatio-temporels et la confusion des limites entre représentation et réalité. Réalisée par le duo Jeanne et Moreau (avec Lara Tabet), la série View from home (2020) s’inspire des vues stéréoscopiques. L’éloignement spatial est remplacé par une rupture temporelle, avant et après l’explosion du 4 août 2020. Les larges panneaux d’affichage vides de #crisisbillboard (2022) sont les témoins muets de l’effondrement économique du pays.

La permanence de la violence exacerbe une vision poétique de la résilience qui voile la responsabilité politique de l’effondrement actuel du Liban.

Randa Mirza

• Date : Du 1er juillet au 29 septembre 2024
• Lieu : Maison des peintres
43 Bd Emile Combes
13200 Arles
https://www.rencontres-arles.com/


Lahem. Célébration du Nouvel An, série Sibei, 2013-2018. Avec l’aimable autorisation de l’artiste

Lahem – Fracture de la modernité : l’odyssée du retour dans la ville natale
Lauréat du Jimei × Arles Discovery Award 2023


Type de fabrication : Tirages jet d’encre pigmentaire.
Le laboratoire Picto aide les photographes professionnels pour la réalisation de leurs expositions, des tirages à l’accrochage, en passant par les finitions et l’encadrement.


Confronté aux fractures insoutenables de la modernité, Lahem est en constante oscillation entre la métropole chinoise où il vit et Sibei, son village natal niché dans les montagnes méridionales de la province de Jiangxi. Depuis 15 ans, la thématique de la ville natale occupe une place centrale dans l’œuvre de l’artiste. Nomade en suspens entre son village d’origine et la grande ville depuis 2007, Lahem utilise Sibei comme toile de fond. En explorant des dimensions liées à la terre, à l’identité, à la migration et à la transformation, il a successivement donné naissance à des œuvres telles que Lost, Return to Hometown et Luo Fuping, réalisant ainsi sa propre Hometown Trilogy.

Pour Lahem, Sibei s’apparente à l’Inde de l’auteur indo-britannique V. S. Naipaul : « L’Inde telle une douleur, pour laquelle on éprouve une grande tendresse, mais dont on finit toujours par vouloir se séparer ». Avec Sibei, l’artiste se libère de la dualité complexe entre l’individu et son village natal : il s’inscrit dans un destin commun avec la terre, les montagnes et les villageois, qui affrontent ensemble les lois de la nature. En composant ces images, Lahem a bâti un pont qui relie Sibei au domaine métaphysique. Initialement destinée à disparaître, Sibei se mue en une essence immortelle grâce à cette recherche et à cette reconstruction. Cette série est un hommage à son village et, par extension, à de nombreuses autres villes natales qui sont en proie au même processus irréversible de disparition.

Ainsi, Sibei transcende les récits mélancoliques de l’histoire moderne. Il ne s’agit plus seulement de représenter son village natal, mais d’en faire une terre éternelle ; une terre qui existe depuis plusieurs milliers d’années sous le vernis de la civilisation moderne en Chine ; une terre qui résonne plus étroitement avec les modes de vie traditionnels et qui appartient à chaque individu, dans une acception universelle.

Joanna Fu


• Date : Du 1er juillet au 29 septembre 2024
• Lieu : Ground Control
3 Rue Jean Gorodiche
13200 Arles
https://www.rencontres-arles.com/