Sur une invitation du Centre Pompidou, Antoine d’Agata investit une des salles du musée dans laquelle le photographe reconstitue son atelier. Intitulé « Méthode », ce projet, qui s’étale sur plusieurs mois dans le cadre d’une résidence, a plusieurs visées pour l’artiste.

Processus à dimension avant tout existentielle par lequel Antoine d’Agata ambitionne de retrouver une liberté totale en se libérant du travail généré trente années durant, afin de réinventer enjeux et stratégies de vie . La « pièce/atelier » rassemble dans une structure cubique de près de 3 mètres d’arêtes toute l’archive artistique du photographe ainsi que ses possessions matérielles. Y sont classés dans des dossiers les catalogues, publications, livres et notes personnelles relatives à son travail. S’y retrouve une dense bibliothèque de livres (essais, romans, textes théoriques,) ayant nourri son parcours et ses pérégrinations antérieures aux années de photographie. Des boites et des valises, enfin, contiennent collections d’objets et documents relatifs à sa perspective sur le monde, ainsi que le précieux matériel photographique qui en découle (planches-contacts et disques durs), là où l’auront conduit ses recherches et ses rencontres. Antoine d’Agata fige en l’état le processus de création pour retrouver une autonomie, pour ne conserver au final qu’un sac de vêtements et un boitier photographique.

Il s’agit également d’œuvrer à la clôture d’un large chapitre de sa vie de photographe, tant sur le plan personnel que créatif. En permanence sur les chemins du monde pour réaliser des projets personnels, résidences ou commandes, Antoine d’Agata n’ avait jamais jusque-là pris le temps de travailler sur ses archives, de mettre en perspective les différentes logiques que ses séries l’ont amené à suivre. Il s’agit pour d’Agata d’interroger aujourd’hui la cohérence d’un parcours, de relier les choses les unes aux autres et de matérialiser la pensée sous-jacente à chaque étape de ce parcours fleuve.

C’est l’exercice auquel s’applique l’artiste depuis le mois d’octobre 2024 et jusqu’au 17 février 2025 : composer, exposer et réunir 256 carnets leporello Hahnemühle pour puiser dans les méandres d’une œuvre essentielle, l’essence d’un effort radical destiné à assouvir notre soif d’agir et de comprendre notre rapport au monde.

256 carnets pour 256 séquences d’images qui sont autant de tentatives de vivre à la hauteur de ses convictions ! L’œuvre d’Antoine d’Agata est comme un chaos qui bouillonne en lui. Il s’agit d’offrir à ce foisonnement une dimension formelle et symbolique où prendra forme la vision de l’artiste, résolument pensée pour être vécue. Chaque carnet contient 9 photographies – sélection resserrée de séries qui en comportent parfois plusieurs centaines – ainsi que les reproductions d’objets et de documents et textes de référence qui accompagneront le travail photographique dans un ouvrage dont la publication est prévue en octobre 2025. Lors de la visite commentée par l’artiste de l’atelier « Méthode » que nous avons eu la possibilité de faire mi-décembre, près de la moitié des carnets était finalisée. A l’issue du processus de l’exposition « Méthode », le monolithe d’archives trouvera sa place dans un lieu en cours de construction.

« Méthode » est née de la détermination sans bornes d’un artiste total qui n’a eu de cesse que d’ajuster l’exigence d’une pratique créative au choix intime d’une philosophie de l’action. Antoine d’Agata appartient à ces photographes que PICTO accompagne sur la durée et dont les idées, les projets et les réalisations passionnent constamment autant qu’elles bousculent nos pratiques de l’image et notre approche du réel. Il apparaissait ainsi important pour les laboratoires PICTO d’accompagner cette entreprise ‘méthodique’ singulière de d’Agata aux côtés de Magnum Photos, de Fujifilm, d’Hahnemühle et du Centre Pompidou.

• Date : Du 1er janvier au 17 février 2024
• Lieu : Centre Pompidou
Place Georges-Pompidou
75004 Paris
Musée, niveau 4, salle 21bis 15h – 21h, tous les jours sauf mardis
https://www.centrepompidou.fr/